Trois an de retard, mais avec mon intérêt ressuscité par la discussion en Allemagne j'ai finalement réussi à lire l'Insurrection qui vient écrit par un comité invisible. Quoi ajouter sur un tract politique qui a été si commenté (hier die taz, die FAZ und die SZ)? Quoi même penser d'un texte si tronqué et universel dans son choix de sujet?
J'ai été déçu pendant ma lecture, tous ces critiques avaient suscité une attente qui aurait peut-être été impossible à remplir. Pour moi le texte n'est pas autant basé sur un individuel (et cohérent) argument mais est plutôt une collection d'observations même si celles sont clairement perspicaces et révélateurs et très citable (voir mon compte de Twitter). Elles sont surtout d'un cynisme (ils, même moi, diraient plutôt réalisme) et composées avec un esprit critique, que j'adore. Le problème pour moi a été qu'ils combinent cette description du monde d'aujourd'hui avec une prophétie de l'insurrection qui viendrait qui est d'une naïveté frappante et simplement peu crédible.
L'ironie de la situation, les auteurs célèbrent la violence des banlieues de 2005 peut-être ils seraient contents avec celle de 2010 à Lyon aussi, mais ils ne semblent pas réaliser qu'eux (les auteurs) font partis de ce système discriminatoire et oppressive contre lequel les banlieusards s'expriment, un système qui ne leur donnent pas les mêmes opportunités que précisément les auteurs de ce tract. Ceux-ci comptent profiter du système en demandant des bourses d'université et vivant d'elles! Ils veulent se rencontrer avec des autres révolutionnaires et discuter stratégie dans les autres métropoles internationales! En sommaire ils ne semblent pas réaliser qu'ils n'ont rien a voir avec un jeune sans bac qui exprime sa colère contre la société qui lui montre ce qu'elle a sans lui donner une vraie possibilité de l'acquérir.
Ils attaquent au contraire leurs (a priori) alliés naturels les bobos de la décroissance, de la consommation bio et d'une vie saine tout court. Le problème avec cela évidemment est que j'ai du mal à voir comment ils diffèrent de ceux qu'ils critiquent. Des bobos contre leurs grés si vous voulez, comme moi vraiment. Leurs rendez-vous internationaux, leurs bourses cela ne ressemble-t-il pas à la vie des adhérents de bio et d'Apple? (Car "Apple et la décroissance s'entendent curieusement sur la civilisation du futur.")
Finalement, qu'est-ce que c'est leur remédie aux problèmes mondiaux ou plutôt sociétaux? La violence (Meinhof: "und natürlich kann geschossen werden"), l'exploitation des structures existantes tout ce qui mènerait vers une utopie anarchiste où les inconnus se parlent et où les communes s'organisent eux-mêmes afin d'assurer approvisionnement des gens. Faut-il même la commenter cette utopie? Comment peut-on revenir à une société pre-industriel où chacun contribue ce qu'il peut ou sait faire pour le bien être de tous sans stimulant monétaire vu qu'on habite dans un monde dominé par des métropoles géantes sans des liens familiales d'un autre époque? A-t-elle jamais existé cette utopie d'ailleurs? N'était-elle pas une société raciste, répressive envers des femmes, guerroyée?
Je suis loin d'être impressionné honnêtement. Le document est un trésor de citations, de pensées et analyses pertinentes mais il n'est pas un argument politique cohérent ni propose-t-il quoi que soit réaliste comme soulagement pour une situation déplorable (une société consommatrice, superficielle, discriminatoire, inégale, exploitatrice et destructrice) que ses auteurs critiquent avec raison.
J'ai été déçu pendant ma lecture, tous ces critiques avaient suscité une attente qui aurait peut-être été impossible à remplir. Pour moi le texte n'est pas autant basé sur un individuel (et cohérent) argument mais est plutôt une collection d'observations même si celles sont clairement perspicaces et révélateurs et très citable (voir mon compte de Twitter). Elles sont surtout d'un cynisme (ils, même moi, diraient plutôt réalisme) et composées avec un esprit critique, que j'adore. Le problème pour moi a été qu'ils combinent cette description du monde d'aujourd'hui avec une prophétie de l'insurrection qui viendrait qui est d'une naïveté frappante et simplement peu crédible.
L'ironie de la situation, les auteurs célèbrent la violence des banlieues de 2005 peut-être ils seraient contents avec celle de 2010 à Lyon aussi, mais ils ne semblent pas réaliser qu'eux (les auteurs) font partis de ce système discriminatoire et oppressive contre lequel les banlieusards s'expriment, un système qui ne leur donnent pas les mêmes opportunités que précisément les auteurs de ce tract. Ceux-ci comptent profiter du système en demandant des bourses d'université et vivant d'elles! Ils veulent se rencontrer avec des autres révolutionnaires et discuter stratégie dans les autres métropoles internationales! En sommaire ils ne semblent pas réaliser qu'ils n'ont rien a voir avec un jeune sans bac qui exprime sa colère contre la société qui lui montre ce qu'elle a sans lui donner une vraie possibilité de l'acquérir.
Ils attaquent au contraire leurs (a priori) alliés naturels les bobos de la décroissance, de la consommation bio et d'une vie saine tout court. Le problème avec cela évidemment est que j'ai du mal à voir comment ils diffèrent de ceux qu'ils critiquent. Des bobos contre leurs grés si vous voulez, comme moi vraiment. Leurs rendez-vous internationaux, leurs bourses cela ne ressemble-t-il pas à la vie des adhérents de bio et d'Apple? (Car "Apple et la décroissance s'entendent curieusement sur la civilisation du futur.")
Finalement, qu'est-ce que c'est leur remédie aux problèmes mondiaux ou plutôt sociétaux? La violence (Meinhof: "und natürlich kann geschossen werden"), l'exploitation des structures existantes tout ce qui mènerait vers une utopie anarchiste où les inconnus se parlent et où les communes s'organisent eux-mêmes afin d'assurer approvisionnement des gens. Faut-il même la commenter cette utopie? Comment peut-on revenir à une société pre-industriel où chacun contribue ce qu'il peut ou sait faire pour le bien être de tous sans stimulant monétaire vu qu'on habite dans un monde dominé par des métropoles géantes sans des liens familiales d'un autre époque? A-t-elle jamais existé cette utopie d'ailleurs? N'était-elle pas une société raciste, répressive envers des femmes, guerroyée?
Je suis loin d'être impressionné honnêtement. Le document est un trésor de citations, de pensées et analyses pertinentes mais il n'est pas un argument politique cohérent ni propose-t-il quoi que soit réaliste comme soulagement pour une situation déplorable (une société consommatrice, superficielle, discriminatoire, inégale, exploitatrice et destructrice) que ses auteurs critiquent avec raison.