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Wednesday, December 08, 2010

Le Coeur des enfants léopards

Le reproche le plus pertinent de néocolonialisme qu'on peut faire aux français même ceux qui condamne le Françafrique et toute intervention dans le genre de Sarkozy à Dakar en 2007 est qu'ils ne lisent très peu de littérature francophone qui ne soit pas franco-français. Une petite phrase dans Le Monde de livres il y a quelques mois m'a fait remarquer cela et je l'ai dû affirmer à plusieurs reprises depuis. Comme (trop) souvent en découvrant une trou de connaissance de mon part j'ai essayé de m'y mettre un peu. Cela m'a fait découvrir des auteurs comme Kateb Yacine ou Ahmadou Kourouma. Cette fois ci, c'est Wilfried N'Sondé alors et Le Coeur des enfants léopards.

N'Sondé est un cas particulier dans le sens qu'il est né en Congo-Brazzaville, mais a grandi en France. Aujourd'hui, et depuis 18 ans, il habite à Berlin où il se sentait plus confortable comme étranger qu'en face du traitement comme étranger en étant français à Paris (taz). D'une façon assez drôle il pose des problèmes d'identification similaire aux auteurs habsburgiens que j'ai lu récemment.

Son livre est un cri de rage et d’amour (afrik.com). L'histoire d'un jeune banlieusard qui se retrouvent dans le prison complètement défoncé et bourré et qui laissent dans une longue monologue intérieur à peine interrompu par des changements de perspective passé sa vie devant soi. Il est partagé entre son arrière-plan africain représenté par un ancêtre donnant du conseil et sa vie en France représenté par la fille qu'il aime, entre ses vieilles habitudes de banlieue et le début de ses études.

Le lecteur se voit emballer dans cette monologue, incapable de s'en détacher, sans doute pas toujours d'accord avec le protagoniste mais ressentant sa peine et sa détresse. C'est un sort de La Haine littéraire en plus intelligent et réfléchi. Le seul reproche qu'on peut faire à l'auteur est la perplexité (pauvre traduction pour Hilfslosigkeit) avec qu'il laisse son lecteur à la fin. Si c'est ça la vie pour certains-uns (et sans doute beaucoup trop), que faut-il faire contre?

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