Je doute avoir jamais lu un livret (même pas 30 pages) après avoir consommé autant de critiques là-dessus. Même les journaux allemands en parlaient déjà sans que le livre soit même disponible en allemand. D'une certaine façon un tel succès (presque un million d'exemplaires vendus en France), une telle anticipation devait aboutir à une déception. Et c'est bien ce qui est arrivé.
Mais, recommençons. Qui est Stéphane Hessel, pour ceux d'entre vous qui habitez sur la lune ou qui ne touchez jamais à un journal? Né à Berlin en 1917, il déménage à Paris en 1924, il deviendra résistant et diplomate français, il joue un rôle important pendant la rédaction de la Déclaration des droits de l'homme en 1948. Il continue de lutter pour les opprimés et pauvres au fil des années, soutient même (c'est après tout un diplomate français!) l'indépendance algérienne. Mitterrand le nomme ambassadeur de France en 1981. Un personnage impressionnant avec une vie presque incroyable de toute évidence. Quand même, personnellement je trouve presque plus intéressants ses parents (Franz Hessel et Helen Grund) qui ont servi de modèle pour le film Jules et Jim et qui ont vécu la vie post-nationale à une époque où cela semblait peu possible. Surtout les œuvres littéraires de Franz Hessel sur Berlin et Paris m'intéressent beaucoup et je vais m'y mettre quand je peux. Hessel le fils me paraît un peu trop parfait peut-être, il lui manque le tragique, l'échec ou peut-être c'est seulement le fait qu'il soit si célèbre partout qui me fait me détourner de lui un peu.
Quoi qu'il en soit, j'ai finalement réussi à d'abord m'acheter son très petit bouquin et maintenant à le lire. Je n'ai pas été très impressionné. D'abord, comme disaient quelques critiques déjà, il reste peu clair sur ce qu'il veut qu'on fasse. S'indigner est bien, certes, et il y a plein de raisons pour l'être mais que fait-on après? Hessel pose des questions ou même pas, il propose un sentiment comme expression politique sans préciser quoi que ce soit sur le chemin à prendre ou la façon de s'exprimer. Je trouve cela un peu trop facile.
Par ailleurs, son petit discours déçoit aussi sur le plan argumentaire. Il n'est pas cohérent, et ses allusions ou comparaisons ne sont pas convaincantes. Il ignore complètement que la résistance n'a pas gagné la guerre et chassé les allemands. Elle leur a fait la vie difficile sans doute, mais sans les alliés, D Day et surtout le front à l'est, la résistance ne pourrait jamais se réclamer comme vainqueur. De ce point de vue, j'ai du mal à voir pourquoi elle est censée être un modèle d'action pour aujourd'hui.
Quoi d'autre? Évidemment sa critique d'Israël qui tombe dans la xénophobie. Sa proclamation: "Il faut être israélien pour qualifier de terroriste la non-violence." n'est rien qu'une tentative de limiter une société, un peuple aux actes de son gouvernement. Je suis convaincu que Hessel se défendrait (avec raison) d'un jugement si plat et général sur une autre nation.
Pour continuer dans cette veine, je vais jamais comprendre pourquoi la situation des Palestiniens serait la principale indignation mondiale aujourd'hui. Je désapprouve la politique du gouvernement d'Israël, évidemment, et je plains les souffrances du peuple palestinien, mais il y a des iles dans le monde qui vont disparaître si l'occident n'arrive pas à restreindre son mode de vie. Il y a au Congo une guerre continue où des millions de gens sont morts depuis plusieurs années. La Palestine souffre, mais elle est loin d'être la principale source d'indignation d'aujourd'hui, Réclamer cela n'est rien que malhonnête intellectuellement, selon moi.
Alors, que penser de ce tract qui fait autant parler de lui? Je crois que Hessel représente surtout un sentiment que les gens veulent ressentir. Ils veulent s'indigner contre la perte des idéaux de la résistance, contre le pouvoir de l'argent, contre les inégalités nationales et internationales et en lui ils trouvent une voix. Je suis d'accord avec cette indignation d'ailleurs, avec cette critique du système d'aujourd'hui, c'est juste qu'intellectuellement Hessel n'est pas très convaincant ni innovateur. Il parle aux cœurs, pas aux cerveaux.
Mais, recommençons. Qui est Stéphane Hessel, pour ceux d'entre vous qui habitez sur la lune ou qui ne touchez jamais à un journal? Né à Berlin en 1917, il déménage à Paris en 1924, il deviendra résistant et diplomate français, il joue un rôle important pendant la rédaction de la Déclaration des droits de l'homme en 1948. Il continue de lutter pour les opprimés et pauvres au fil des années, soutient même (c'est après tout un diplomate français!) l'indépendance algérienne. Mitterrand le nomme ambassadeur de France en 1981. Un personnage impressionnant avec une vie presque incroyable de toute évidence. Quand même, personnellement je trouve presque plus intéressants ses parents (Franz Hessel et Helen Grund) qui ont servi de modèle pour le film Jules et Jim et qui ont vécu la vie post-nationale à une époque où cela semblait peu possible. Surtout les œuvres littéraires de Franz Hessel sur Berlin et Paris m'intéressent beaucoup et je vais m'y mettre quand je peux. Hessel le fils me paraît un peu trop parfait peut-être, il lui manque le tragique, l'échec ou peut-être c'est seulement le fait qu'il soit si célèbre partout qui me fait me détourner de lui un peu.
Quoi qu'il en soit, j'ai finalement réussi à d'abord m'acheter son très petit bouquin et maintenant à le lire. Je n'ai pas été très impressionné. D'abord, comme disaient quelques critiques déjà, il reste peu clair sur ce qu'il veut qu'on fasse. S'indigner est bien, certes, et il y a plein de raisons pour l'être mais que fait-on après? Hessel pose des questions ou même pas, il propose un sentiment comme expression politique sans préciser quoi que ce soit sur le chemin à prendre ou la façon de s'exprimer. Je trouve cela un peu trop facile.
Par ailleurs, son petit discours déçoit aussi sur le plan argumentaire. Il n'est pas cohérent, et ses allusions ou comparaisons ne sont pas convaincantes. Il ignore complètement que la résistance n'a pas gagné la guerre et chassé les allemands. Elle leur a fait la vie difficile sans doute, mais sans les alliés, D Day et surtout le front à l'est, la résistance ne pourrait jamais se réclamer comme vainqueur. De ce point de vue, j'ai du mal à voir pourquoi elle est censée être un modèle d'action pour aujourd'hui.
Quoi d'autre? Évidemment sa critique d'Israël qui tombe dans la xénophobie. Sa proclamation: "Il faut être israélien pour qualifier de terroriste la non-violence." n'est rien qu'une tentative de limiter une société, un peuple aux actes de son gouvernement. Je suis convaincu que Hessel se défendrait (avec raison) d'un jugement si plat et général sur une autre nation.
Pour continuer dans cette veine, je vais jamais comprendre pourquoi la situation des Palestiniens serait la principale indignation mondiale aujourd'hui. Je désapprouve la politique du gouvernement d'Israël, évidemment, et je plains les souffrances du peuple palestinien, mais il y a des iles dans le monde qui vont disparaître si l'occident n'arrive pas à restreindre son mode de vie. Il y a au Congo une guerre continue où des millions de gens sont morts depuis plusieurs années. La Palestine souffre, mais elle est loin d'être la principale source d'indignation d'aujourd'hui, Réclamer cela n'est rien que malhonnête intellectuellement, selon moi.
Alors, que penser de ce tract qui fait autant parler de lui? Je crois que Hessel représente surtout un sentiment que les gens veulent ressentir. Ils veulent s'indigner contre la perte des idéaux de la résistance, contre le pouvoir de l'argent, contre les inégalités nationales et internationales et en lui ils trouvent une voix. Je suis d'accord avec cette indignation d'ailleurs, avec cette critique du système d'aujourd'hui, c'est juste qu'intellectuellement Hessel n'est pas très convaincant ni innovateur. Il parle aux cœurs, pas aux cerveaux.
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